موضوع الفرنسية لمسابقة توظيف مقتصد ونائب مقتصد 2016
Le phénomène perdure depuis
des années. En effet, à intervalles réguliers, des milliers d’individus
entassés dans des embarcations de fortune échouent invariablement sur les côtes
libyennes s’ils ne se noient pas tout simplement quand la pirogue chavire.
On avait fini par être coutumier de ces faits si bien que le
sujet était devenu un marronnier pour nous autres, journalistes.
Mais force est de reconnaître que le phénomène prend des
proportions énormes. Jugez-en vous-même : dans la nuit du samedi au dimanche
19 avril, un chalutier qui transportait des migrants a fait naufrage au large
des côtes libyennes ; vingt-huit personnes ont été repêchées, mais si l’on
s’en tient à leurs témoignages, 700 personnes ont dû perdre la vie dans ce
drame.
On croirait que ces contingents de clandestins avaient fait un
regroupement quelque part en vue d’un débarquement en masse en Europe. Fuyant
la misère de chez eux, ces enragés de l’aventure sont stoppés, s’ils ont la
chance de survivre, à la frontière des pays où ils sont indésirables.
L’Eldorado dont ils rêvent tant se transforme en véritable cauchemar si ce
n’est en Enfer.
L’Italie, impuissante face à cette vague d’immigration, a
pendant longtemps appelé les autres Etats de l’Europe à une réponse
communautaire.
En vain. Elle continue malheureusement à se battre seule comme
un beau diable pour contenir ce flux de clandestins qui se massent à ses côtes.
Quand on voit les navires dans le quels nos frères s’embarquent
pour cette aventure, on se dit qu’il faut vraiment être dans le désespoir total
pour oser se lancer dans une telle entreprise à l’issue quasi fatale. Cette
détresse humaine est nourrie par des passeurs qui ont créé une industrie de la
misère autour d’un trafic qu’ils exploitent sans le moindre scrupule.
Certes, la responsabilité de ces interminables hécatombes est à
rechercher au niveau des pays de départ dont la faillite des politiques pousse
les jeunes à aller voir ailleurs. Mais les familles de ces migrants « s’en
fout la mort » sont, dans une certaine mesure, comptables de la situation.
Si les candidats à la migration suicidaire ont le courage de se
jeter dans ces eaux tumultueuses, c’est parce que leur sort n’intéresse pas des
dirigeants incapables de trouver des solutions aux questions d’emploi des
jeunes, et ce n’est pas le naufrage d’un migrant qui viendra troubler leur
sommeil.
Mais quand les parents eux-mêmes se saignent littéralement pour
envoyer leurs fils risquer leur vie dans un voyage improbable vers un pays de
cocagne où coulent le lait et le miel, on se demande s’il ne valait pas mieux
chercher à faire son trou sur place.
Quel que soit le pays, avec deux ou trois millions, on peut
entreprendre quelque chose et espérer s’en sortir dignement. On connaît les
avantages qu’une famille peut avoir lorsqu’un de ses membres parvient à passer
de l’autre côté de la Méditerranée.
Mais quand on voit la mer se transformer en cimetière, il y a de
quoi réfléchir avant de se lancer corps et âme dans une telle traversée
périlleuse à la recherche d’un improbable mieux-être.
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